Le cycliste grincheux
Au cours de mes promenades en forêt, je rencontre de temps en temps le cycliste grincheux.
Chaque fois que je lui souhaite une bonne journée, il ne me répond jamais et continue à regarder devant lui.
Spontanément, je l'ai nommé comme le cycliste grincheux. Une étiquette qui ne signifie probablement pas ce qui se passe dans la tête de cet homme.
Peut-être a-t-il perdu toute foi en l'homme à cause des expériences effrayantes que les autres ont eues avec lui.
Peut-être a-t-il été victime de personnes méchantes qui l'ont maltraité dans sa naïveté et sa bienveillance.
Peut-être qu'il essaie de se remettre sur pied après une dépression ou un épuisement professionnel.
Peut-être pleure-t-il la perte d'un être cher.
Comme je l'ai jugé rapidement, alors que je ne sais rien de lui et que je le vois seulement faire du vélo la tête en bas.
J'ai appris que rien n'est ce qu'il semble être et que je ne suis pas en mesure de porter un jugement sur quoi que ce soit ou qui que ce soit. Et cet homme me le fait remarquer. Sans dire un mot, il me rappelle que je juge automatiquement tout.
Ma double nature compare et pèse. C'est un automatisme que j'essaie lentement de réduire afin de découvrir enfin la simple vérité. En observant enfin sans conclure.
Je suis plein de jugements sur le bien et le mal, mais je suis incapable de porter un jugement sincère. Parce que je ne sais pas tout.
Si je savais tout, je serais capable de juger, mais alors je ne le referais certainement pas.
Parce que l'amour ne juge jamais.
Et la vérité est l'amour pur.
Seulement l'amour.
L'amour sait.
Elle sait que tout est amour et qu'un jour elle se retrouvera.
La dualité est une période qui va se fondre dans l'Unité de l'être.
Rien n'échappe à l'amour.
Seulement la mort.
Et il n'existe que dans nos pensées.
La mort nous sépare de l'amour.
La pensée que la mort existe nous sépare de l'amour.
Nous sépare de la vie.
De là vient la dualité avec tous ses conflits et ses contradictions, ses querelles et ses guerres.
Je suis reconnaissant au cycliste grincheux de m'avoir amené à cet aperçu.
C'est mon gourou.
Méditation 21 septembre 2020